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3D scan files of three of the shark fins we produced

La grande histoire de ces petites nageoires

3D scan files of three of the shark fins we produced

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La nécessité de savoir identifier les nageoires

Le commerce illégal de nageoires de requins est une préoccupation mondiale, motivée par la demande en soupe d'ailerons de requin, un mets délicat et gastronomique en Asie de l’Est.

Les requins sont prisés depuis plusieurs siècles, principalement pour leur viande et leurs nageoires. Celles-ci sont en effet les parties ayant le plus de valeur chez de nombreux requins. On estime qu’entre 26 et 73 millions de requins (d’une valeur allant de 400 à 500 millions de dollars) sont vendus chaque année. Les enjeux économiques importants qu’implique le commerce de nageoires de requins, ainsi que la demande d'ailerons de requin comme aliment de prestige combinés à la mauvaise application de la loi à de nombreux niveaux de la chaîne d'approvisionnement sont les principaux facteurs motivant le commerce illégal.

Les ailerons de certaines espèces, comme les requins-marteaux (Sphyrnidae spp), et les requins longimanes (Carcharhinus longimanus) ont une valeur plus élevée et cette demande augmente la pression non durable exercée sur la pêche des populations de ces espèces. En conséquence, plus de 40 espèces de requins et de raies ont été classifiées dans l’Annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Pour exporter des espèces des requins inscrites dans la CITES, un permis doit être délivré par l'autorité de gestion de la CITES du pays exportateur, confirmant que la marchandise a été obtenue de manière légale, et que la pêche et la vente ne nuisent pas à la survie de l’espèce (durable). Le commerce illégal d’espèces inscrites dans la CITES est d'autant plus préoccupant que ces espèces ont été inscrites dans les Annexes de la CITES pour des raisons de sauvegarde.

Shark fins including from Bigeye Thresher Sharks in trade. Photo: Markus Bürgener

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Les enjeux de l’identification des nageoires

Afin de faire respecter efficacement le registre de requins de la CITES, les douanes et autres autorités du monde entier doivent être en mesure d’identifier si les nageoires de requins issues du commerce international proviennent ou non d’espèces inscrites dans la CITES.

La détection du commerce illégal d'ailerons de requins pose beaucoup de difficultés aux autorités, en raison des volumes élevés transitant par la terre, les airs et les ports maritimes. Cette détection est d'autant plus ardue qu’elles doivent également rechercher d'autres produits de contrebande comme de la drogue ou des armes.

De nombreux guides, posters et autres outils ont été mis au point pour faciliter l’identification des nageoires de requins, et de nombreuses formations ont été dispensées dans le monde entier.  Une partie de ces formations a consisté à utiliser de vraies nageoires de requins séchées collectées par les autorités douanières au fil des années lors de saisies. Cependant, la grande majorité des autorités douanières n'a pas été formée à l’aide de vraies nageoires de requins, et n’ont pas accès à de vraies nageoires, ce qui limite leur capacité à identifier les nageoires de requins inscrits dans la CITES.

Conception de répliques 3D de nageoires de requins

Au cours de discussions avec TRAFFIC sur la formation relative aux nageoires de requins, le spécialiste des requins du ministère sud-africain de l’Environnement, des Forêts et de la Pêche a eu l’idée d’imprimer des requins en 3D, en se basant sur des véritables nageoires de requins séchées. Des fonds ont été levés pour mener le processus de recherche et de développement nécessaire dans le cadre du projet TRAFFIC ReTTA, financé par la Arcadia Foundation, une association caritative fondée par Lisbet Rausing et Peter Baldwin.

La conception de répliques 3D de nageoires qui en découle a été rendue possible grâce à un effort conjoint de nombreux acteurs du monde entier.

Des nageoires séchées provenant de requins inscrits dans la CITES ont été collectées au fil des années par Debra Abercrombie, spécialiste des requins basé en Floride, aux États-Unis, et ces mêmes nageoires ont été utilisées par Deborah pour la formation des autorités douanières et de la pêche du monde entier sur les caractéristiques principales d’identification des nageoires. Les nageoires de cette collection, ainsi que des nageoires de requins bleus et de requins-taupes bleus, fournies par le ministère sud-africain de l’Environnement, des Forêts et de la Pêche, ont été scannées en 3D par balayage laser pour obtenir une représentation numérique de chaque nageoire.

Une nageoire (dorsale) de requin-taupe bleu et une nageoire (pectorale) de requin bleu scannées en 3D par balayage laser à l’aide d’un logiciel d'image 3D.

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Après la création d’une représentation numérique crée pour chaque nageoire, les images 3D ont été soumises à un procédé appelé retopologie. Il s'agit d’un procédé par lequel l’image 3D est modifiée pour produire un produit imprimé de manière optimale. Les fichiers de requins retopologisés ont alors été imprimés en 3D à l’aide d’un procédé de frittage sélectif par laser avec le nylon pour matériau principal. Le nylon fritté est doté d’une texture légèrement rugueuse, semblable à celle du papier de verre et très similaire aux vraies nageoires de requins séchées, ce qui permet également une meilleure adhésion de la peinture.

Les répliques de nageoires de requins après impression 3D avec du nylon fritté comme matériau d'impression principal nageoire caudale de raie guitare à nez rond <i>Rhina ancylostoma</i>, nageoire dorsale de requin longimane <i>Carcharhinus longimanus</i>, et nageoire pectorale de grand requin-marteau <i>Sphyrna mokarran</i>

Les répliques de nageoires de requins après impression 3D avec du nylon fritté comme matériau d'impression principal nageoire caudale de raie guitare à nez rond Rhina ancylostoma, nageoire dorsale de requin longimane Carcharhinus longimanus, et nageoire pectorale de grand requin-marteau Sphyrna mokarran

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Peindre les répliques de nageoires a été l’étape la plus éprouvante du processus. Il était en effet essentiel que les nageoires finales peintes aient des couleurs et des marques correctes, puisqu’il s’agit souvent d’éléments d’identification importants.

Des artistes qualifiés de Cosmesis Advanced Prosthetics, une entreprise basée au Cap, ont aidé à peindre les répliques de nageoires. Pour s'assurer que les couleurs et les marques des nageoires peintes ressemblaient le plus possible à celles des véritables nageoires, des photos en noir et blanc et en couleur des vraies nageoires ont été imprimées sur des cartes de référence. La peinture finale des nageoires a nécessité de nombreuses couches de retouche à l’aérographe pour créer la couleur exacte de chaque nageoire, et l’ajout de marques de peinture spécifiques en fonction de la nageoire et des caractéristiques principales d’identification. Par exemple, des marques blanches tachetées pour les requins longimanes.

Répliques de nageoires de requins après peinture (nageoire caudale de raie guitare à nez rond (<i>Rhina ancylostoma</i>, nageoire dorsale de requin longimane <I>Carcharhinus longimanus</i>, et nageoire pectorale de grand requin-marteau <i>Sphyrna mokarran</i>

Répliques de nageoires de requins après peinture (nageoire caudale de raie guitare à nez rond (Rhina ancylostoma, nageoire dorsale de requin longimane Carcharhinus longimanus, et nageoire pectorale de grand requin-marteau Sphyrna mokarran

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Une fois les nageoires de requins scannées, imprimées puis peintes, nous nous sommes rendu compte qu’elles pourraient nous être utiles à des fins de formation.

Nous nous sommes toutefois aperçus que les répliques utilisées par les autorités douanières lors d'inspections actives devraient comporter le nom du requin et du type de nageoire imprimé sur chaque nageoire (ex : Requin longimane, nageoire dorsale).  Avec l’aide de Cosmesis Advanced Prosthetics, nous avons également eu l’idée de fournir un code QR sur chaque nageoire, redirigeant vers des pages web dédiées donnant des informations sur les caractéristiques principales d'identification pour chaque espèce. En conséquence, nous avons effectué une deuxième série de scans de nageoires (via retopologie), pour que chaque nageoire réimprimée comporte le nom du requin qui lui est associé sur sa bordure antérieure, ainsi qu’une section carrée en relief sur laquelle des codes QR peuvent être apposés. 

Grâce à ces nageoires, les autorités peuvent scanner les codes QR sur leur téléphone et obtenir des indications détaillées sur les caractéristiques principales d’identification de la nageoire en question. En combinant les répliques de nageoires aux caractéristiques principales d’identification, on espère offrir aux autorités compétentes la meilleure combinaison d’outils d’identification de nageoires de requins, pour qu’ils puissent prendre des décisions rapidement et sûrement.