L'Afrique encouragée à imiter la position ferme du Zimbabwe sur le trafic de pangolins
Harare, Zimbabwe, Avril 2016— Une enquête réalisée par des chercheurs de TRAFFIC, de la Tikki Hywood Foundation et de la School of Biological Sciences and Environment Institute, University of Adelaide, sur les saisies de pangolins au Zimbabwe et les poursuites consécutives à ces saisies a révélé que la position ferme prise à ce sujet par le Gouvernement du Zimbabwe donne un bon exemple aux autres pays sur la manière de protéger les pangolins contre le commerce international.
En Asie, les pangolins sont de plus en plus menacés par la forte demande concernant leurs écailles, utilisées dans les médicaments traditionnels, et pour leur viande, un met considéré localement comme luxueux. Par conséquent, la population asiatique de pangolins est en déclin et l'offre de pangolin se déplace en Afrique où cohabitent quatre espèces de pangolin et où il se peut que l'utilisation culturelle locale qui en est faite représente déjà un certain degré de menace.
Le Pangolin de Temminck Smutsia temminckii est la seule espèce de pangolin née au Zimbabwe. Très peu de choses sont connues à propos de sa situation dans la nature, bien que l'on pense que sa population diminue. En 1975, cette espèce a été inscrite sur la liste des espèces spécialement protégées du Zimbabwe, ce qui lui fournit une protection totale.
Selon la dernière étude, 65 saisies de pangolins (remis volontairement ou confisqués) ont été déclarées au Zimbabwe entre 2010 et 2015, le nombre annuel de confiscations ayant significativement augmenté au cours de la même période.
Cependant, en réponse, les autorités zimbabwéennes ont renforcé leur position et imposé des peines plus lourdes à l'encontre des condamnés pour crime sur pangolin. En effet, entre janvier et juin 2015, les trois quarts des confiscations de pangolin ont abouti à une peine de prison de 9 ans pour au moins l'un des contrevenants impliqués.
Selon la loi zimbabwéenne, toute personne condamnée pour meutre illégal, possession illégale, ou commerce illégal de l'une des espèces inscrite sur la liste des espèces spécialement protégées est passible, pour une première condamnation, d'un emprisonnement de neuf ans minimum, et d'un emprisonnement de onze ans minimum au-delà.
Les peines lourdes semblent avoir dissuadé les trafiquants internationaux. Durant les six premiers mois de 2015, environ huit tonnes de peaux de pangolin et d'écailles ont été saisies en route depuis le Congo, le Kenya, le Nigeria et l'Uganda vers l'Asie, et quatre des six saisies déclarées faisaient au-moins 500 kg. Aucune de ces expéditions n'impliquait le Zimbabwe.
Au contraire de l'Asie où les saisies de pangolins se mesurent souvent en tonnes, le nombre le plus élevé d'animaux saisis au Zimbabwe est de deux.
“Une application rigoureuse est absolument essentielle pour combattre le commerce illégal d'animaux sauvages," a déclaré le Dr Chris R. Shepherd de TRAFFIC. “Une application fragile ébranle les lois et ne fait rien pour la conservation des espèces hautement menacées comme les pangolins."
Les auteurs recommandent fortement que l'approche adoptée par le Zimbabwe soit répliquée dans les pays africains où les pangolins se répartissent, afin d'éviter une crise commerciale similaire à celle qui a tourmenté les pangolins asiatiques et pour faire cesser leur commerce international.
“Le Gouvernement du Zimbabwe, à travers son système judiciaire, a envoyé un message très fort aux criminels qui s'attaquent aux espèces sauvages. Nous avons désormais besoin que les pays d'Afrique et les pays importateurs d'Asie emboîtent le pas si nous voulons avoir une chance de gagner cette guerre,” a déclaré Lisa Hywood de la Tikki Hywood Foundation.
La dernière étude, Prendre position contre le commerce illicite d'espèces sauvages: l'approche du Zimbabwe à l'égard de la sauvegarde du pangolin