Le Tchad rejoint AFRICA-TWIX pour renforcer la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages en Afrique centrale
Ndjamena, Tchad, 25 Janvier 2019—La "Conférence internationale des Ministres chargés de la défense, de la sécurité et des aires protégées sur la lutte contre le braconnage et autres activités criminelles transfrontalières", organisée par le Tchad à N'Djamena, sa capitale, s'est achevée aujourd'hui avec une session des Ministres sous la présidence du chef de l’Etat, SE M. Idriss Déby Itno. Les participants à la conférence, comprenant des experts et des décideurs en matière de conservation, de sécurité et de pastoralisme de 7 pays des régions, d'Afrique de l’ouest, centrale et orientale , ont convenu de la nécessité d'une collaboration régionale et transfrontalière renforcée pour lutter contre la criminalité liée aux espèces sauvages et les autres activités illégales associées.
Une initiative TWIX (le système «Trade in Wildlife Information eXchange/échange d'informations sur le commerce de la faune et de la flore sauvages) a été présentée à l’audience de cet évènement, Il s'agit d'une plateforme clé qui permet aux responsables de l'application des lois nommés par le gouvernement, de collaborer entre leurs différents organismes et au-delà des frontières dans leur lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages.
Son Excellence, Sidick Abdelkerim Haggar, Ministre de l'Environnement, de l'Eau et de la Pêche, a déclaré: « Le braconnage et la contrebande d'animaux et de plantes sauvages menacent gravement la biodiversité du Tchad. Nous sommes maintenant très heureux que les agences d’application de la loi du Tchad rejoignent AFRICA-TWIX - l’un des systèmes de réseautage les plus efficaces au monde pour faciliter des interventions rapides contre la criminalité liée aux espèces sauvages ».
«L'adhésion du Tchad à AFRICA-TWIX est très opportune, au vu des niveaux records de braconnage dans cette partie de l'Afrique. La reconnaissance croissante de l'impact de la criminalité liée aux espèces sauvages sur la biodiversité et les populations a suscité de nombreux engagements politiques de haut niveau pour faire face à la crise. Ce sont les outils pratiques tels que TWIX qui sont nécessaires pour limiter l’impact négatif de la criminalité transnationale sur les espèces sauvages sur des questions plus vastes telles que l’état de droit, la sécurité nationale, les moyens de subsistance en milieu rural et le développement économique », a déclaré M. Raymond Ndomba Ngoye, Secrétaire Exécutif de la Commission des Forêts d’Afrique centrale (COMIFAC), qui héberge AFRICA-TWIX en Afrique centrale. «Les objectifs d’AFRICA-TWIX sont conformes au plan de convergence de la COMIFAC et à son Plan d’action sous régional des Pays de l'Espace COMIFAC pour le renforcement de l'Application des Législations nationales sur la Faune sauvage, connu sous son acronyme français PAPECALF, qui vise à renforcer l’application de la loi sur la faune, tant au niveau national qu’international. Nous invitons donc les autres États membres de la COMIFAC restants à adhérer à AFRICA-TWIX, et les partenaires à apporter un appui pour son fonctionnement », a-t-il ajouté.
Depuis plus de dix ans, TWIX, qui est géré par TRAFFIC pour le compte des autorités gouvernementales, facilite le contrôle du commerce illégal d'espèces sauvages par des agents d’application de la loi partout en Europe - et depuis trois ans également en Afrique centrale. Le Tchad a maintenant rejoint un groupe de cinq pays, comprenant le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo, la République démocratique du Congo et le Gabon. En Afrique centrale seulement, plus de 110 membres du personnel chargé de l'application des lois sont connectés à TWIX. Cela s'ajoute au système TWIX en Europe, où plus de 1000 agences européennes de contrôle représentant 37 pays, y compris les 28 États membres de l'Union Européenne, sont connectées. Des initiatives TWIX similaires sont actuellement en cours en Afrique australe et orientale et l’intérêt de mettre en place un système TWIX pour les pays de l’Afrique de l’Ouest s’est également manifesté depuis lors.
Depuis son lancement en février 2016, au moins six enquêtes criminelles internationales incluant l’Asie ont été ouvertes à la suite des plus de 900 messages échangés sur AFRICA-TWIX et liés à la mise en application de la loi, contenant des informations pertinentes pour lutter contre la criminalité liée aux espèces sauvages. Les fonctionnaires utilisent également la liste de diffusion pour demander de l'aide pour l'identification des espèces, ce qui permet de prendre rapidement une décision quant à l'opportunité de saisir les envois.
«Après 13 ans de mise en œuvre de TWIX en Europe et de trois ans en Afrique centrale, les avantages d’un échange d’informations rapide et sécurisé entre les responsables de l’application des lois sont clairs: utiliser TWIX comme modèle à reproduire dans d’autres régions est un objectif à long terme. Aujourd'hui, il est excitant de voir le Tchad rejoindre cette ambition », a déclaré Elie Hakizumwami, Directeur du Bureau Programme pour l'Afrique centrale de TRAFFIC.
Lors de la mission exploratoire de TRAFFIC au Tchad en novembre 2018, plusieurs séances de travail ont été organisées pour informer sur l'objectif, les avantages et le fonctionnement d'AFRICA-TWIX, avec des hauts fonctionnaires ministériels, notamment des représentants des ministères de l'Environnement, de l'Eau et de la Pêche, du Ministère de la Défense et leurs administrations et le personnel d’application des lois des douanes, de la police, de la gendarmerie, d'INTERPOL, du système judiciaire et des organisations de la société civile.
Notes:
La mise en place et le développement d’AFRICA-TWIX a été rendue possible grâce au partenariat du gouvernement allemand contre le braconnage et le commerce illégal d'espèces sauvages (en Afrique et en Asie), mis en œuvre par la GIZ pour le compte du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et du ministère fédéral allemand pour l’environnement, la conservation de la nature et la sûreté nucléaire (BMU) et par WWF France.