Le Sommet Chine–Afrique accepte de renforcer les efforts conjoints contre le commerce illicite de la faune et de la flore sauvages
Johannesburg, Afrique du Sud, 8 décembre 2015—La rencontre des dirigeants chinois et africains a pris fin la semaine dernière avec un accord pour une coopération plus étroite sur la lutte conjointe contre le trafic illégal de la faune et de la flore sauvages.
TRAFFIC a salué le nouveau Plan d’Action (2016-2018) de Johannesburg du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) qui engage la Chine et 50 Etats membres africains à travailler en étroite collaboration pour lutter contre le commerce illégal des produits de la faune et de la flore.
Cette promesse de collaboration intervient en réaction aux niveaux inédits de braconnage et de trafic de produits de la faune et de la flore sauvages, mais elle est également due à la prise de conscience croissante de l'impact de la criminalité d’espèces sauvages sur les questions plus larges telles que la règle de droit, la sécurité nationale, les moyens de subsistance en milieu rural et le développement économique.
«Le commerce des ressources de faune et la flore de l'Afrique vers la Chine a connu une croissance considérable au cours de la dernière décennie et le commerce illégal d'espèces sauvages a également augmenté et est devenu une préoccupation internationale croissante», a déclaré Roland Melisch, Directeur Afrique et Europe de TRAFFIC. «Il est encourageant de voir cet engagement public entre les deux parties visant à régler ce problème qui a de profondes répercussions sur de nombreux secteurs de la société», a-t-il ajouté.
TRAFFIC a également reconnu l'engagement pris par la Chine d’accroître progressivement son assistance aux Etats africains dans leurs efforts de protection de leur faune, flore et de l’environnement et au renforcement des capacités dans le secteur de biodiversité et à la coopération dans le cadre de la gestion durable des forêts, dans les domaines de la science, de la technologie et du partage des connaissances. Les engagements réciproques ont également été pris pour renforcer la collaboration le long des frontières et la collecte des renseignements en vue de démanteler les réseaux responsables de la criminalité d’espèces sauvages.»
Melisch ajoute: «Il est également très prometteur de voir les assurances pour renforcer la coopération dans le secteur des médias. Des dialogues ciblés sont nécessaires, tout comme des campagnes d’information pour sensibiliser les ressortissants chinois qui habitent et travaillent en Afrique ou qui visitent le continent aux effets du commerce illégal d’espèces sauvages, aux cadres et conséquences juridiques de ces actes, en Chine et en Afrique.
Le Plan d'action de Johannesburg a été délivré à la suite du deuxième Sommet du FCSA, qui a eu lieu la semaine dernière et a été précédée par la 6ème Conférence ministérielle du FCSA.
Les réunions ont eu lieu dans un contexte d'approfondissement de la coopération entre l'Afrique et la Chine, son plus grand partenaire commercial.
Lors de la précédente conférence ministérielle du FCSA à Beijing en 2012, la dégradation de l'environnement a été reconnue comme une menace mondiale majeure, des engagements ont été pris pour une gestion durable des forêts et plus de responsabilité sociale des entreprises chinoises opérant en Afrique.
C’est la première fois que le commerce des espèces sauvages a été traité spécifiquement au niveau du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA). Le FCSA a été officiellement créé lors de la Conférence ministérielle du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) à Beijing en 2000.
A la veille de la Conférence ministérielle et du sommet, le WWF a organisé une session sur le FCSA: Opportunités et défis à la création de voies de développement durable" au cours de laquelle TRAFFIC a dirigé une table ronde sur le "commerce des espèces sauvages: Aborder la coopération sur le commerce d’espèces sauvages entre l'Afrique et la Chine". L'événement a été présidé par Marie Parramon-Gurney de l'UICN, avec un panel comprenant Julie Thomson et Zhou Fei (respectivement des bureaux de TRAFFIC Afrique et Chine), Jo Shaw (Directeur du programme Rhino du WWF Afrique du Sud) et Julian Rademeyer (analyste de l'Initiative mondiale contre le crime organisé transnational).
Le panel a abordé les risques et les opportunités du commerce de la faune et de flore sauvages, allant du potentiel d'utilisation durable des ressources sauvages de l'Afrique qui peut conduire à un développement positif et à la croissance pour les partenaires commerciaux, à la menace du commerce non durable de la faune appauvrissant l’ Afrique de ses richesses naturelles, et le commerce illégal qui entraine des activités criminelles organisées qui ont un impact négatif sur les revenus potentiels et les moyens de subsistance des communautés rurales, et sur les gouvernements suite à la perte des recettes de l’Etat.
Cette session a été soutenue par le projet allemand Polifund, mis en œuvre par la GIZ au nom du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et le Ministère fédéral allemand de l'Environnement, la Conservation de la Nature, du bâtiment et de sûreté nucléaire (BMUB).
Les pays africains et la Chine avaient été à l’origine des dernières initiatives de haut niveau avant-gardistes telles que la résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies intitulée "Surveillance du trafic des espèces sauvages" adoptée en Juillet 2015, et la Conférence de Kasane sur le commerce illégal de la d’espèces sauvages tenue à Kasane au Botswana en Mars 2015. Au cours de la visite d'Etat du Premier ministre Li Keqiang en Afrique en mai 2014, il a annoncé un appui de 10 millions USD dans le cadre de la coopération avec les États africains en matière de protection des espèces de faune et flore sauvages. Actuellement on ne sait pas clairement quel financement supplémentaire - si quoi que ce soit- à la somme des USD 60 milliards promis par la Chine en décembre 2015 au FCSA pour la mise en œuvre harmonieuse des initiatives du FCSA appuiera le secteur de la conservation des espèces de faune et flore sauvages.
Les pays africains ont récemment décidé d'aborder la question d’une seule voix. Lors de la conférence Internationale sur l'exploitation illégale et le commerce illicite de la faune et de flore sauvages en Afrique qui a eu lieu à Brazzaville en République du Congo en Avril 2015, les dirigeants africains ont publié une déclaration en 20 points demandant une action régionale et internationale coordonnée contre la criminalité d’espèces sauvages. L’une de recommandations de la Déclaration dite de Brazzaville demande au Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) et d'autres sommets pertinents, d'inclure la question de la criminalité faunique comme un élément prioritaire de l'ordre du jour.