Plus de 11.000 éléphants tués au Gabon en huit ans
Yaoundé, Cameroun, 6 février 2013—Une nouvelle étude met des chiffres sur ce qui a été longtemps soupçonné: les éléphants de l’Afrique Centrale sont en train d’être décimés à tel point que la survie de l’espèce dans la région est désormais remise en question.
Selon une étude réalisée par l’Agence Nationale des Parcs Nationaux du Gabon, en collaboration avec le WWF et la Wildlife Conservation Society (WCS), des braconniers ont tué environ 11,100 – ou de 44 à 77 pourcents des éléphants dans une zone d’environ 8.000 kilomètres carrés dans et autour du Parc National de Minkébé depuis 2004, quand elle était hôte de la plus grande population d’éléphants de forêt d’Afrique.
« La situation est hors de contrôle. Nous assistons à l’abattage systématique du plus grand mammifère terrestre de la planète » dit Bas Huijbregts, chef du volet Afrique Centrale de la campagne WWF/TRAFFIC contre le commerce illégal d’espèces sauvages.
« Certains croient que les champs de batailles des guerres d’ivoires sont passés de l’Afrique Centrale à d’autres parties de ce continent. Ceci est faux. Ce qui a changé, c’est que ces criminels s’attaquent aussi désormais aussi aux troupeaux d’éléphants mieux protégés de l’Afrique de l’est et du sud. « Mais ici en Afrique centrale, à l’abris des regards de la communauté internationale, les éléphants sont en train de perdre cette guerre, à une vitesse fulgurante. »
Une crise régionale
Fiona Maisels, une spécialiste de la conservation à WCS qui a analysé les données de l’étude, explique que ces chiffres reflètent une crise à caractère régionale. Le Gabon, qui possède seulement 13 pourcents des forêts de l’Afrique Centrale, abrite plus de la moitié des éléphants de forêt de l’Afrique. De surcroit, le Parc National de Minkébé abrite la plus grande population d’éléphants du Gabon, et probablement la plus grande population des éléphants de foret de l’Afrique.
« Du moins, jusqu’à la sortie de cette étude. » « Les données de Minkébé sont représentatives des tendances dans toute la région, sans parler de la République Démocratique du Congo, qui aujourd’hui contient entre 7.000 et 10.000 éléphants, soit moins de dix pourcents des populations d’il y a vingt ans, »
Maisels a ajouté. En même temps, en République Centrafricaine (RCA) – un pays qui dans les années ’80 était possedait jusqu’à 80,000 éléphants – des braconniers soudanais lourdement armés qui ont parcouru des centaines de kilomètres à cheval sont en train de donner le coup des grâce aux derniers milliers d’éléphants du pays. Selon Guian Zokoe, en charge des aires protégées Dzanga-Sangha pour le Ministère des Eaux et Forêts de la RCA à Bayanga, au sud-ouest du pays, des braconniers ont tué au moins 17 éléphants dans la forêt de Ngotto dans le sud du pays durant les derniers jours.
Des rapports non confirmés par des villageois indiquent qu’une soixantaine d’éléphants ont également été tués plus au nord du pays près de la ville de Yaloké, dit Zokoe, ajoutant qu'il y avait des comptes rendus de tueries à travers le pays. « Le nouveau gouvernement de la République centrafricaine doit envoyer ses forces armées pour arrêter ces braconniers avant qu'ils ne frappent Dzanga-Sangha, un site classée comme patrimoine mondial par l’UNESCO, reconnu pour ses populations d’éléphants de forêt. »
Comment mettre fin au braconnage
Bien que les solutions pour lutter efficacement contre la crise du braconnage dans la région soient variées, une chose est sur: si rien n’est fait, les éléphants d'Afrique centrale suivront les pas des rhinocéros blancs du nord et des rhinocéros noirs d’Afrique de l’ouest, chassés jusqu'à l'extinction. « Les gouvernements de la région tels que le Cameroun, le Tchad et le Gabon recrutent davantage d’écogardes et envoient les forces armées pour lutter contre les braconniers. Ce n’est helas pas suffisant, » dit Huijbregts. « Les structures de renseignement généraux internationale et des forces de l’ordre doivent s’impliquer dans cette lutte dès maintenant, afin d’identifier et de neutraliser ces réseaux criminels transnationaux, qui corrompent les gouvernements, érodent la sécurité nationale et entravent les perspectives économiques des pays. »
Selon Huijbregts pour gagner les guerres d’ivoire, les pays de l’Asie de l’Est devront adresser les problèmes de forte demande pour l’ivoire, resultant à une augmentation records des prix. « A moins que les gouvernements de la région et des pays demandeur adressent ce massacre comme une urgence internationale, nous ne pouvons pas exclure que, durant notre vie, il n’y aura plus de populations d’éléphants viables en Afrique centrale, » a déclaré Huijbregts.