Les ONG appellent à l’action pour sauver les éléphants d’Afrique Centrale
Brazzaville, République du Congo, 26 avril 2013: Une étude récente montre que les populations d’éléphants de forêt ont chuté de presque deux tiers – ou 62% – au cours des dix dernières années, victimes du grand braconnage d’ivoire.
Sans action, il est probable que l’éléphant – le plus grand mammifère terrestre de la planète – suivra les traces du rhinocéros en Afrique Centrale, chassé jusqu’à l’extinction pour ses cornes.
Cette criminalité faunique a un effet déstabilisant sur la gouvernance des pays dans la sous-région. Non contrôlés, le braconnage et le commerce illégal d’espèces sauvages nourrissent la criminalité internationale et sapent les perspectives économiques et sociales des pays de l’Afrique Centrale. Il est de l’intérêt économique de ces pays de combattre énergiquement ce fléau.
Ainsi, les plus grandes organisations de conservation actives dans le Bassin du Congo, conviennent ce jour à Brazzaville de proposer aux Etats de la sous-région des solutions efficaces. Elles appellent les Etats de la sous-région à mettre en oeuvre ces solutions dans le but de sauver leurs éléphants qui sont d’ailleurs qualifiés d’héritage naturel universel de l’Humanité par ces mêmes pays.
Pour sauver cet héritage, il est impératif, et ceci dans les plus brefs délais, que les Services des Présidences ou des Primatures des Etats de l’Afrique Centrale dirigent le combat contre la criminalité faunique, et cela en pilotant des Unités de Coordinations Nationales (UCNs). Ces unités, composées d’experts issus des administrations de la Primature, de la Contre-ingérence, de la Justice, de la Faune, de la Police, de la Douane et de la Défense, coordonneront les résultats du renseignement, des opérations de terrain, des poursuites judiciaires, et la collaboration avec les partenaires techniques.
Au niveau supranational, les chefs de ces UCNs devront coordonner avec les pays de la région, de manière spontanée, au cas-par-cas, et de façon dépendante de l’information et de l’urgence de la situation. Ces unités partageront les informations avec leurs homologues dans les pays qui ont des liens prouvés avec les problèmes constatés – y inclus les pays de transit des produits illégaux de la faune comme le Nigeria, le Soudan, le Togo et la Guinée Conakry – et avec des organisations internationales spécialisées comme INTERPOL.
Finalement, le suivi et l’évaluation de l’implémentation de ces UCNs devra être faite par la Commission des Forêts de l’Afrique Centrale de façon annuelle, et basés sur les informations reçues par courriel par les chefs des UCNs.
De plus, les Etats de l’Afrique Centrale doivent immédiatement :
1. Signaler aux braconniers et aux réseaux mafieux de trafiquants que l’héritage naturel universel de la sous-région sera défendu- Il convient aux Chefs d’Etats du Bassin du Congo de promulguer et d’annoncer publiquement des mesures strictes de lutte contre la criminalité faunique.
2. Adopter une attitude de « zéro tolérance » contre la corruption – Le trafic d’influence, l’abus de pouvoir et d’autres formes de corruption sont les premiers obstacles à l’application effective des lois contre les grands trafiquants de produits illégaux fauniques en Afrique Centrale.
3. Durcir les peines et renforcer l’application effective de la Loi contre les criminels fauniques, mais aussi contre la vente d’armes et de munitions de type grande chasse. Plus tôt cette semaine, monsieur Yury Fedotov, Directeur Exécutif de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) a appelé à ce que les délits sur la faune sauvage, notamment, soient punis de 4 ans d’emprisonnement ou plus. Les armes et munitions saisies en flagrant délit ou « sans papiers » devraient être systématiquement détruites.
4. Mettre l’accent sur la protection et la bonne gestion de certaines aires protégées prioritaires – ces aires devraient devenir des noyaux centraux pour la protection de la grande faune de la sous-région, et être cogérées à long terme par des agences non-gouvernementales spécialisées.
5. Initier un dialogue avec les pays consommateurs – La Chine et la Thaïlande sont respectivement le plus grand consommateur et le plus grand point de vente légal d’ivoire du monde. A long terme, la survie des éléphants en Afrique Centrale et dans le monde dépendra du tarissement de la demande internationale d’ivoire. Ainsi, il est essentiel que les Etats de l’Afrique Centrale entament des dialogues bilatéraux avec la Chine et la Thaïlande, en leur expliquant les conséquences écologiques, économiques et sécuritaires de leur demande d’ivoire pour la sous-région.
Il est important de noter que les Etats de l’Afrique Centrale se sont déjà engagés à mettre en œuvre un certain nombre de nos recommandations, entre autres dans le cadre d’institutions régionales. Il est surtout très encourageant de noter que quelques pays ont déjà commencé à renforcer leur loi faunique, à arrêter et condamner les premiers grands trafiquants et à faire des audits de leurs stocks d’ivoire, ou même de les détruire.
Cela dit, le temps presse, et les criminels fauniques ont encore largement le dessus. Nous sommes donc ici pour demander aux Etats de l’Afrique Centrale, les gardiens de ce patrimoine de l’humanité, de redoubler leurs efforts pour sauver leurs éléphants.
Un niveau de coordination régional est nécessaire. Mais ce sont les Etats de l’Afrique Centrale qui ont les moyens de sauver les éléphants. Et la survie de cet héritage naturel dépendra entièrement de la volonté des Etats, de leurs gouvernements et de leurs citoyens de faire le nécessaire pour mettre fin à la criminalité faunique.
Nous, les organisations de conservation, nous nous réjouissons de continuer à travailler aux côtés des Etats de l’Afrique Centrale pour mettre fin au grand braconnage et à la criminalité faunique.
Le temps des discussions est fini. Passons à l’action !