Un symposium examine des approches innovantes pour s'attaquer aux crimes contre les espèces sauvages
Muldersdrift, Afrique du Sud, le 26 février 2015 – Des approches innovantes, menées par des communautés pour combattre les crimes contre la nature autour du globe, seront partagées lors d'un symposium international à Muldersdrift, près de Johannesburg, du 26 au 28 février. Y sont attendus des chercheurs, groupes communautaires, officiels, agences des Nations Unies et ONG.
Intitulé Au-delà de l'application des lois : Communautés, gouvernance, incitations et exploitation durable pour combattre les crimes contre les espèces sauvages, le symposium vise à inciter les communautés vivant au cœur de la nature à protéger les espèces phares visées par le commerce illégal, tout en sécurisant leur propre avenir.
Le Ministre Sud-Africain de l'eau et des Affaires Environnementales, Edna Molewa, ouvrira le symposium.
Le 28 février, les médias sont invités à participer au débat de clôture, aux côtés de hauts représentants des gouvernements, des donateurs, et des institutions compétentes en matière de politique, afin de discuter des implications du symposium.
Le Dr Rosie Cooney, membre du groupe de travail de l’UICN CEESP/SSC sur les modes de vie et de consommation durables, a déclaré « Nous sommes impatients d'avoir autant d'exemples formidables d'approches menées par les communautés pour lutter contre les crimes liés à la faune et à la flore sauvages. Ils seront représentés ici au symposium. Ils démontrent que la bonne conservation des espèces emblématiques n'a pas à se faire au détriment des vies humaines ».
Malgré l'attention mondiale portée aux crimes contre les espèces sauvages1, les réponses internationales données jusqu'à présent se focalisent sur le renforcement de l’application des lois et la réduction de la demande des consommateurs en produits issus de l’exploitation illégale de la faune et de la flore sauvages. Un accent bien moindre a été mis sur le rôle des communautés locales qui côtoient ces espèces au quotidien ou sur la nécessité d'inclure cette question dans des discussions plus globales sur le développement durable.
Comme l’a indiqué Nick Ahlers de TRAFFIC : « Les communautés jouent un rôle prépondérant dans la gestion et l'utilisation durable des ressources sauvages. A la lumière de l’essor dramatique actuel du braconnage, et des risques associés envers les communautés, nous avons hâte de tirer les enseignements du terrain sur la manière d’empêcher que des espèces sauvages menacées n’intègrent le commerce illégal ».
Le commerce illégal de produits issus de la faune et de la flore sauvages est devenu omniprésent, une menace grandissante pour la conservation des espèces, mais aussi pour les moyens de subsistance des êtres humains. Ces dernières années, ce commerce est devenu plus sophistiqué et dangereux. De récents rapports le lient au crime organisé, mais aussi plus communément aux milices armées. Ce problème est désormais un enjeu majeur de la sécurité humaine, de la conservation et des politiques de développement.
Les menaces liées à la sécurité soulevées par les crimes contre les espèces sauvages peuvent masquer un plus large problème de développement. La vie sauvage peut être un atout majeur pour les communautés rurales, servant de fondement aux investissements et au développement économique, par exemple par le truchement du tourisme ou du commerce du bois.
L'épuisement de cette richesse comme conséquence du commerce illégal peut ébranler ce fondement et donc entraver le développement durable tant au niveau local que national.
Le Dr Dilys Roe, chef d'équipe biodiversité à l'Institut International pour l'Environnement et le Développement a ainsi déclaré : « Nous pensons que les efforts pour combattre les crimes contre les espèces sauvages ne seront efficaces sur le long terme que s'ils impliquent les populations locales vivant au milieu de celles-ci. »
Le symposium a été organisé par le groupe de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN) CEESP/SSC en charge des modes de vie et de consommation durables (SULi), conjointement avec l'Institut International pour l’Environnement et le Développement, le Ministère autrichien de l'environnement, l'Université du Queensland / Centre d’excellence pour les décisions environnementales ARC, l'Université North West (Afrique du Sud), l'African Center for Disaster Studies et TRAFFIC - le réseau de contrôle du commerce d'espèces sauvages.
Les organisateurs espèrent que le symposium apportera des pistes essentielles pour créer une approche globale de lutte contre le commerce illégal d'espèces sauvages, permettant aux populations de tirer profit d’activités telles que le tourisme de faune ou les pratiques durables tout en protégeant les espèces visées par le commerce illégal, plutôt que de subir le poids des mesures d'exécution pure et simple des lois pour éradiquer le crime organisé.
Les dirigeants de plus de 40 pays ont participé l’année dernière à la très importante Conférence de Londres sur le commerce illégal d'espèces sauvages, de même que le Prince de Galles, le Duc de Cambridge et le Prince Harry. Ils se sont collectivement engagés à éradiquer le commerce illégal de produits issus d’espèces sauvages, à renforcer la législation, à prendre des mesures plus sévères contre les crimes liés aux espèces sauvages et à travailler avec les communautés afin de leur garantir des moyens d'existence durables tout en protégeant les espèces menacées.2
Fin mars 2015, une autre grande conférence sur le commerce illégal d'espèces sauvages aura lieu à Kasane3, au Botswana, pour analyser ce qui aura été réalisé depuis l'adoption de la déclaration de Londres l'année dernière et les résultats du symposium de Johannesburg seront évoqués pour alimenter ce débat vital.
Notes:
1. Exemples de rencontres d'importance : Sommet pour les éléphants d'Afrique (Botswana, Décembre 2013), Résolution du Parlement Européen sur les crimes contre les espèces sauvages (Janvier 2014), Conférence de Londres sur le commerce illégal d'espèces sauvages (Février 2014).
2. L'intégralité de la déclaration issue de la Conférence de Londres est disponible ici (PDF)
3. La date du 25 mars 2015 a été confirmée par le gouvernement du Botswana pour la tenue de la conférence de Kasane