Nouveau rapport: le rôle des peuples autochtones et des communautés locales dans la lutte contre le commerce illégal d’espèces sauvages
Limbe, Cameroun—La réunion organisée à Limbe en février était focalisée sur le rôle généralement négligé des peuples autochtones et des communautés locales (PACL), les populations les plus affectées par le braconnage d’espèces sauvages et les crimes qui lui sont associés.
Alors que les gouvernements du monde entier se préparent pour la dix-septième session de la Conférence des Parties de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES CdP 17) et les questions de comment favoriser le soutien des communautés locales pour la conservation, un nouveau rapport met en lumière la nécessité pour les PACL d'être un élément clé des stratégies de lutte contre le commerce illégal des espèces sauvages.
Globalement, le braconnage et le commerce illégal d’espèces sauvages déciment les populations d’espèces sauvages emblématiques telles que les rhinocéros et les éléphants ainsi que d’autres espèces moins connues. En Afrique centrale et occidentale, le commerce illégal d’espèces sauvages affecte surtout les éléphants, le bois, les grands singes, les pangolins, les oiseaux, les reptiles et les plantes médicinales.
Toutefois, malgré la reconnaissance au plus haut niveau de ce problème, jusqu’à présent les solutions ont mis l’accent sur le renforcement de l’application de la loi et la réduction de la demande des produits sauvages illégaux chez les consommateurs. Le rôle des peuples autochtones et des communautés locales vivant auprès des espèces sauvages continue d’être négligé.
Pourtant, le commerce illégal d’espèces sauvages a un impact considérable sur ces populations affectées par l’insécurité et la destruction de moyens de subsistance et d’atouts économiques importants. Par ailleurs, elles ne profitent généralement pas des avantages découlant de la conservation. Ces communautés peuvent également être affectées par les mesures rigoureuses et militarisées prises à l’encontre de la criminalité liée aux espèces sauvages ; mesures qui font peu de distinction entre les activités illégales motivées par la recherche de profits énormes (crimes de cupidité) et celles motivées par la pauvreté (crimes de nécessité).
Rosie Cooney, présidente du Groupe de spécialistes sur l’utilisation durable et les moyens d’existence de l’UICN a déclaré: « Les voix des personnes qui détiennent la solution aux problèmes de braconnage ne sont pas écoutées depuis bien trop longtemps. Cette réunion avait pour but de trouver des solutions à ce problème et de fournir une plateforme à ceux de la base afin qu’ils prennent la parole pour protéger leurs moyens de subsistance et leur avenir des menaces créées par le trafic d’espèces sauvages. »
Parmi les délégués à cette réunion, il y avait un représentant de l’Alliance des peuples autochtones de la forêt du bassin du Congo. Ce dernier s’est appesanti sur la manière dont les peuples autochtones se retrouvent impliqués dans des activités illicites à cause de leurs compétences et de leurs connaissances par des personnes plus haut placées, mais ils sont les plus affectés par l’application de la loi. Il a relevé qu’il était nécessaire de mettre sur pied des initiatives efficaces contre le trafic d’espèces sauvages afin d’augmenter les avantages socio-économiques qui pourraient être tirés de la conservation pour les PACL, notamment à travers la gestion durable des ressources sauvages.
Roland Melisch, Directeur Afrique et Europe de TRAFFIC a déclaré: « Il est nécessaire d’attirer l’attention sur des cas où l’utilisation durable des espèces sauvages profite aux communautés locales et les intègre aux activités de conservation et de protection contre les étrangers qui pourraient exploiter ces ressources dans leur seul intérêt ».
La réunion portait sur des points précis: le rôle des PACL dans la surveillance des zones sauvages et celles des activités criminelles, et la nécessité de rendre la conservation plus profitable que la complicité avec les trafiquants dans l’exploitation de ces ressources pour ces derniers. Cet objectif est difficile à atteindre, mais plusieurs exemples ont démontré que lorsque les PACL ne sont pas inclus dans les efforts de conservation et ne la soutiennent pas, l’on obtient des échecs.
« Sans le soutien des communautés locales dans la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages, même les efforts les plus ciblés et les mieux financés auront du mal à efficacement combattre ce type de criminalité » a affirmé Dilys Roe, coordonnatrice de l’équipe de biodiversité de l’Institut International sur l’Environnement et le Développement.
Cette réunion a été organisée sous le patronage du Groupe de spécialistes de la CEESP/SSC sur l’utilisation durable et les moyens d’existence (UICN SUli), le Programme pour l’Afrique Centrale et Occidentale (UICN PACO), l’Institut International pour l’Environnement et le Développement (IIED), TRAFFIC et le Réseau pour l’Environnement et le Développement Durable en Afrique (NESDA - Cameroun).
Le rapport de cette réunion est disponible en anglais (PDF, 1.4 MB) et en français (PDF, 1.5 MB).
Vous êtes intéressé par les travaux sur « Au-delà de l’application de la loi »? Vous pouvez trouver des informations supplémentaires à ce propos sur le site de SUli en suivant ce lien
Notes:
Cet atelier a pu être organisé grâce au généreux soutien de trois gouvernements:
Le gouvernement allemand à travers le projet Polifonds, mis en œuvre par GIZ au nom du Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et du Ministère fédéral allemand pour l’Environnement, la Conservation de la nature, du Bâtiment et la Sécurité nucléaire (BMUB). Le Polifonds associe l’expertise et les ressources de cinq ministères fédéraux allemands, d’organisations internationales et d’ONG pour combattre le braconnage et le trafic de produits sauvages (ivoire et cornes de rhinocéros) en Afrique et en Asie.
Le gouvernement autrichien à travers son Ministère de l’Environnement.
Nous avons également bénéficié de l’aide du projet Wildlife TRAPS (réponse, évaluation et établissement des priorités en matière de lutte contre le commerce des espèces sauvages) exécuté par TRAFFIC et l’UICN et financé par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID).