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Published 01 juin 2015

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Vol de cornes de rhinocéros au sein des forces de l’ordre : un revers de taille pour les efforts des forces de police du Mozambique

Mozambique, le 01/06/2015 – un porte-parole de la police a confirmé mercredi que 12 cornes de rhinocéros avaient été volées depuis une chambre forte se trouvant dans les quartiers généraux de la police provinciale de Matola, province de Maputo, et que de nombreuses personnes avaient été arrêtées, y compris des fonctionnaires de l’État, en lien avec le vol.


Les cornes de rhinocéros volées font partie des 65 saisies  moins dequinze jours avant le vol au Mozambique, lors d’une saisie record, à laquelle s’ajoute 1,1 tonne d’ivoire d’éléphant.

La saisie a été dans un premier temps déclarée comme une avancée significative dans les efforts internationaux pour juguler les organisations criminelles à l’origine du braconnage des rhinocéros et du trafic de leurs cornes de l’Afrique vers l’Asie, bien qu’il subsiste toujours un doute considérable quant au nombre et à la nationalité des personnes arrêtées en lien avec cette prise record.

Cependant, la nouvelle du vol de la chambre forte de la police représente un sérieux revers au sujet des efforts menés pour assurer le suivi de la saisie à l’aide d’enquêtes massives qui pourraient aider à démanteler un réseau de trafic majeur.

« TRAFFIC encourage une nouvelle fois le Mozambique à solliciter l’aide d’INTERPOL afin de recevoir le support spécialisé nécessaire lorsque des saisies records sont faites, dans le but de s’assurer que des opportunités cruciales de la police ne soient pas gâchées » dit Milliken.

« Le Mozambique devrait partager avec INTERPOL toutes les preuves ayant un lien soit avec la saisie même, soit avec le vol qui en découle ».

Le vol est un coup dur pour le gouvernement fraîchement élu qui a annoncé publiquement son intention de lutter contre l’état déplorable de la police et contre la corruption.

Le président Felipe Nyusi a signé récemment un protocole d’accord visant à une collaboration plus étroite avec la Tanzanie voisine afin contrecarrer le crime transfrontalier. Lors d’un défilé de police, le président Nyusi a déclaré : « Je n’arrive pas à trouver le sommeil en sachant que les statistiques montrent une augmentation du nombre de représentants de l’ordre impliqués dans le crime ».

Le Mozambique est doté de forces de l’ordre en piteux état et le pays est largement considéré comme la porte de sortie principale du trafic de cornes de rhinocéros hors du continent Africain.

« Alors qu’on remarque des signes encourageants prouvant que les politiciens entendent mettre la main sur la corruption et le crime qui rongent la société mozambicaine, ce dernier écart de la part des forces de police va être perçu comme un sérieux revers », dit Milliken.

« Le Mozambique a maintenant l’opportunité d’agir conformément à ses engagements en éradiquant la corruption et en prouvant au monde qu’il prend la lutte contre les crimes à l’encontre de la vie sauvage au sérieux, mais un échec à ce niveau aurait pour conséquence de décrédibiliser grandement le nouveau gouvernement », dit Milliken.


Notes:

Il y a eu de précédentes bévues de la part des forces de l’ordre, telles que le vol de produits issus de la vie sauvage et la complicité manifeste des institutions gouvernementales au Mozambique.

Le 27 février 2012, 266 pièces d’ivoire d’éléphant, pour un poids total de 1 094,34 Kg, ont été volées depuis le stock central d’ivoire à Maputo se trouvant au sein du bâtiment du Ministère de l’Agriculture, dans une rue très fréquentée du centre ville de la capitale bouillonnante. Le Ministère pour la coordination des affaires environnementales et le Directoire National de la Gestion de l’Environnement furent les premiers à annoncer publiquement la nouvelle du vol en avril 2012. Personne ne fut arrêté et l’enquête ne fut jamais résolue.

On a enregistré plusieurs cas dans lesquels des produits issus du braconnage sont retournés dans les mailles du réseau du commerce illégal après avoir été saisis. Dans un cas resté célèbre, un Vietnamien fut arrêté à la fin du mois de mai 2012 avec 7 cornes de rhinocéros en sa possession à l’aéroport international de Maputo, alors qu’il montait à bord d’un avion de la compagnie Kenya Airways à destination de Nairobi. Il fut arrêté à nouveau quelques jours plus tard avec 7 cornes de rhinocéros en sa possession à l’aéroport de Bangkok, alors qu’il venait de descendre d’un appareil de Kenya Airways en provenance de Nairobi.

Le Mozambique est également en situation d’échec vis-à-vis de ses obligations internationales en tant que signataire de la Convention sur le Commerce International des Espèces Menacées de la Faune et de la Flore Sauvages (CITES en anglais). Cette convention oblige les États signataires à déclarer tous leurs stocks d’ivoire gérés par le gouvernement. Le Mozambique, pays où vit l’éléphant d’Afrique, a échoué quant à la déclaration de ses stocks en 2014 et en 2015.

Le Mozambique est actuellement l’objet d’une décision de la CITES lui demandant de prendre des mesures pour appliquer les provisions relatives aux rhinocéros, comme promulguer et faire appliquer une loi visant à instaurer des amendes et des sanctions, dans le but de contrôler le braconnage de manière efficace, et également développer un plan d’action d’envergure nationale en faveur des rhinocéros. Des progrès à ce sujet sont attendus lors de la 66ème réunion de la commission permanente de la CITES prévue en janvier 2016.

En avril 2014, le Mozambique a signé un protocole d’accord avec l’Afrique du Sud voisine sur l’engagement dans la gestion de la vie sauvage, avec une attention particulière portée au fléau du braconnage des rhinocéros.