Cape Town, Afrique du Sud, 4mai 2021 :  l'identification des espèces de requins protégés seulement à partir de leurs nageoires, en particulier de celles saisies et introduites en contrebande, est une tâche particulièrement difficile. Dans ce contexte, TRAFFIC a donc conçu des répliques de nageoires imprimées en 3D et peintes afin d'aider les agents des douanes du monde entier dans leur travail essentiel visant à juguler le trafic d'espèces sauvages.

Les nageoires imprimées (créées à partir de scans 3D de vraies nageoires de requins séchées) représentent une douzaine d'espèces régulièrement vendues, dont onze inscrites sur la liste CITES¹, comme le grand requin-marteau, le requin longimane et le requin soyeux.

La demande en nageoires de requins, surtout en Asie, génère un business aussi lucratif qu'illégal et ce alors que de plus en plus d'espèces sont reclassifiées « en danger d'extinction ».

Il incombe aux agents des douanes du monde entier la tâche colossale d'identifier, dans le cadre d'échanges internationaux, à quelles espèces appartiennent les nageoires afin de faire respecter correctement la CITES. Et comme si cela ne suffisait pas, ils doivent identifier correctement d'autres espèces sauvages, mais aussi divers articles de contrebande. Cela représente un travail de titan et, compte tenu des difficultés à les identifier, il arrive souvent que les nageoires de requins d'origine illégale ne soient pas identifiées comme telles. »

Markus Burgener, expert en commerce halieutique chez TRAFFIC et basé en Afrique du Sud

Nombreux sont les services douaniers ou autres organismes gouvernementaux chargés de la lutte contre le trafic d'espèces sauvages à manquer à la fois de personnel et de moyens matériels. Cette initiative cherche à les assister en leur fournissant un outil d'identification facile d'utilisation pour une prise de décision plus rapide et basée sur des faits durant l'identification des nageoires de requins.

Markus Burgener ajoute : « Ces répliques devraient conduire à une nette amélioration de l'exactitude durant les contrôles, l'identification et la saisie des nageoires de requins de contrebande. Elles donneront les moyens aux autorités compétentes du monde entier de freiner plus efficacement le commerce illégal de nageoires de requins, trafic qui dégrade grandement nos océans. »

Les scans 3D des 22 nageoires ainsi que leurs tutoriels de peinture respectifs sont désormais disponibles gratuitement sur le site de TRAFFIC. Une action qui s'inscrit dans la volonté de l'organisation de lutter contre ce trafic.

Durant les essais, les autorités douanières sud-africaines ayant pris part à l'évaluation du concept des répliques de nageoires et des codes QR ont encouragé leur utilisation pour apprendre à reconnaître les nageoires.

Simone Louw, agent de soutien des projets chez TRAFFIC déclare : « Travailler avec des répliques 3D de nageoires m'a permis de développer des capacités de reconnaissance à tel point que je n'utilise plus que rarement des guides d'identification. Nous aimerions que tous les agents des douanes arrivent à ce niveau, c'est à dire pouvoir identifier les espèces de requins en danger efficacement et facilement. »

TRAFFIC a conçu ces répliques avec l'aide du ministère sud-africain de l'Agriculture, des Forêts et des Pêches, de l'expert en requin Debra Abercrombie et avec la participation active de plusieurs partenaires dévoués dont les sièges sociaux se situent en Afrique du Sud.

Les répliques de nageoires sont conçues de sorte à être presque indissociables des originales. Un procédé de frittage sélectif par laser qui utilise le nylon comme matériau principal, donnant aux nageoires une texture quasi râpeuse, pareille à du papier de verre, ressemblant aux vraies nageoires de requins séchées en circulation.

Les couleurs et les motifs distinctifs, essentiels à une reconnaissance précise, ont été pris en compte dans la conception des répliques. Des tutoriels complets pour la peinture se trouvent dans les fichiers téléchargeables afin d'assurer que les nageoires 3D soient reproduites avec précision pour ensuite être utilisées par les autorités douanières du monde entier.

Selon les estimations mondiales, entre 26 et 73 millions de requins seraient vendus chaque année. Il est toutefois probable que le vrai bilan soit bien plus lourd, même en prenant les valeurs surestimées des captures accessoires et de la pêche illégale.

À l'heure actuelle, 46 espèces de requins et de raies sont inscrites dans les annexes I et II de la CITES, la convention internationale qui régit le commerce international d'espèces sauvages. Des dérogations obligatoires devraient être émises en cas de vente d'espèces de requins inscrites dans les annexes I et II afin de limiter ou interdire complètement le commerce de produits issus des espèces concernées.

Malgré cette inscription à la CITES­­, un contrôle épars et un cruel manque de capacité technique font que des nageoires de requins de contrebande glissent régulièrement entre les mailles du filet et que la récolte et le trafic de produits issus de requins reste une préoccupation d'ordre mondial. Ce business lucratif reste poussé par la demande en nageoires de requins des marchés de consommations et restaurants huppés est-asiatiques où les soupes d'ailerons sont prisées, car perçues comme symboles de richesse.

TRAFFIC soutient les autorités douanières du monde entier dans leur lutte contre le commerce illégal de nageoires de requins grâce à ces répliques de nageoires imprimées en 3D. Vu le rôle crucial que jouent les requins dans les écosystèmes marins, le déclin de leur population pourrait avoir des conséquences à long terme sur la biodiversité marine.